Élever un bébé ne vient pas avec un manuel, mais les jeunes parents se sentent souvent coupables de ne pas avoir les "compétences d'expert en parentalité" qu'ils voient autour d'eux. Partout, que ce soit à l'épicerie ou dans les médias sociaux, les jeunes parents observent constamment les compétences des autres parents, leurs interactions avec leurs enfants et l'attitude générale du "j'ai tout ce qu'il faut".
Une grande partie de la culpabilité ressentie par les nouveaux parents est liée à leurs propres attentes élevées et aux suppositions qu'ils se font sur ce qu'ils devraient ressentir en tant que parents. Dans certains cas, les nouveaux parents peuvent se jauger par rapport à leur propre enfance. Qu'ils soient bons ou mauvais, ces souvenirs peuvent faire naître de profonds sentiments de culpabilité et d'inadéquation. Par exemple, si un parent a eu une enfance difficile, l'enjeu devient soudainement beaucoup plus important pour lui de donner à son enfant une meilleure expérience. À l'inverse, s'il a eu une enfance extraordinaire, il peut se sentir coupable de ne pas offrir le même niveau de présence et d'amour.
La culpabilité des nouvelles mamans peut être particulièrement difficile à vivre, surtout dans les cultures où la femme est presque entièrement responsable de l'éducation de l'enfant. Dans le monde entier, les femmes se sentent coupables de ne pas être des mères "parfaites", de douter de leurs décisions, de se sentir seules et déconnectées, d'avoir du mal à se nourrir ou de penser qu'elles n'en font tout simplement pas assez. Les mères qui traversent une dépression post-partum ou des vagues de baby blues peuvent se sentir coupables de ne pas se réjouir de leur maternité.
La culpabilité est souvent de nature changeante - elle ne semble pas provenir d'une seule chose. Et elle est omniprésente. Tous les parents semblent éprouver un certain degré de culpabilité, quelle que soit leur culture ou leur classe socio-économique. Cela pourrait signifier que la culpabilité d'un parent ne provient pas d'un manque de ressources, mais plutôt d'une lutte interne contre ses propres attentes élevées.
Dans les pays où l'accès à des informations et à des soins de santé de qualité et dignes de confiance est plus limité, les parents peuvent se sentir coupables de ne pas être éduqués sur la meilleure façon d'élever leur enfant. Ils peuvent être amenés à s'en remettre aux conseils de leur famille et de leurs amis, ce qui les prive d'un sentiment d'autonomie et les fait se sentir encore plus coupables d'être une charge pour leur entourage. Le manque d'accès est l'un des plus grands défis auxquels les nouveaux parents sont confrontés dans des pays comme l'Inde, le Mexique et le Brésil, où un système de santé solide n'est pas encore en place.
Le congé de maternité et les autres ressources fournies au cours des premiers mois de la parentalité ne sont pas uniformes dans de nombreux pays du monde. Les parents de Chine, du Nigeria, du Mexique et de Pologne sont particulièrement pessimistes quant à la possibilité de bénéficier d'un soutien suffisant en matière de santé et de bien-être pour le rétablissement suite à l'accouchement et les soins post-partum. Cela peut avoir un impact durable sur les nouveaux parents, qui peuvent se sentir coupables de ne pas être en mesure de trouver eux-mêmes leur propre rythme de croisière.
L'un des défis les plus difficiles à relever pour corriger ce cycle de culpabilité est qu'il est généralement invisible. Les parents se montrent souvent sous leur meilleur jour au monde extérieur, alors que la véritable souffrance se passe à la maison. Même si un ami proche ou un membre de la famille est conscient de ces sentiments et souhaite aider, il peut être difficile de débloquer les insécurités qui sont au cœur du problème. C'est là qu'intervient le véritable effort. Les proches doivent prendre l'initiative d'amener les jeunes parents à sortir de leur coquille et à parler de ce qui se passe vraiment chez eux.
Parfois, il suffit de dire quelque chose de chaleureux pour engager la conversation, comme "ça doit être difficile d'avoir l'air d'être un parent parfait tout le temps, alors que tout le monde sait qu'AUCUN de nous n'a eu des parents parfaits". Souligner l'absurdité de la perfection et le défi commun auquel tous les parents sont confrontés peut détendre l'atmosphère et faire avancer les choses.
Le soutien peut aussi se manifester de manière plus subtile en montrant du respect pour ce que vit le nouveau parent et en lui donnant le sentiment d'être considéré. Par exemple, le fait de disposer d'une salle de maternité au travail peut donner à une jeune maman le sentiment que ses pairs reconnaissent la complexité de son double rôle de mère et de professionnelle et l'accueillent de la meilleure façon possible.
Lorsque les nouveaux parents ont une opinion positive de la santé et du bien-être de leur enfant, ils ont tendance à se sentir beaucoup moins coupables. Le fait de sentir qu'ils se trouvent dans un environnement favorable peut leur remonter le moral et avoir un impact profond et durable sur leur santé mentale. Par exemple, lorsque les communautés et les organisations proposent des activités pour parents et bébés, cela donne aux jeunes parents un moyen d'interagir et d'apprendre les uns des autres, en leur rappelant que personne n'est parfait lorsqu'il s'agit d'être parent. En encourageant ce type de relations, les communautés peuvent montrer leur soutien aux jeunes familles, en leur rappelant qu'élever un enfant est une responsabilité que nous partageons tous.
L'ironie de la chose, c'est que pendant que les parents s'acharnent à ne pas savoir quoi faire ou à se critiquer pour leurs défauts, le bébé voit le parent comme la lumière de sa vie, un véritable super-héros qui parvient à lui apporter tout l'amour, le confort et la sécurité qu'il peut espérer.
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